Ah l’été, les jours rallongent et même les journées travaillées prennent un air de vacances… On joue à la pétanque, on sirote un verre en terrasse, on bouquine en bronzant au soleil, on fait trempette dans une piscine, et puis en fin de journée on fait le tour du jardin pour arroser les plantes et le potager. Quel bonheur !
Attendez quoi ? Piscine ? Arrosage ? Pas si vite ! La canicule et la sécheresse exceptionnelle de ces derniers mois mettent à mal les niveaux d’eau. Les photos de certains lacs et cours d’eau très prisés pendant l’été comme le lac de Serre-Ponçon ou les Gorges du Verdon en témoignent déjà.
Restreindre l’accès à l’eau, c’est possible.
En temps normal, la gestion de la ressource en eau doit être durable et contribuer à prévenir les périodes de sécheresse et les pénuries[1].
Bon à savoir : même en dehors des périodes de sécheresse, il y a des règles pour utiliser de l’eau ! Si par exemple vous installiez une entreprise qui aurait besoin d’utiliser de l’eau pour fonctionner vous devriez demander l’autorisation à l’État ou au minimum le prévenir (dispositif IOTA). Mais ce n’est pas le sujet du jour !
En période de sécheresse, les préfets de département sont autorisés à prendre des mesures pour prévenir les risques de pénurie d’eau. Bien sûr, elles doivent être limitées dans le temps et distinguer les différents bassins hydrauliques.
En quoi cela consiste ?
En cas de sécheresse, les préfets peuvent prendre différents types de restrictions allant de l’incitation à ne pas gaspiller de l’eau pour des activités non essentielles (par exemple pour laver votre voiture) jusqu’à l’interdiction de l’utilisation de l’eau pour les personnes (par exemple, interdiction de remplir les piscines, d’arroser le potager entre certaines heures…).
Selon le niveau de crise, les agriculteurs peuvent aussi craindre des restrictions pour l’irrigation de leurs cultures : des quotas peuvent êtres instaurés, des horaires d’irrigations aussi et même des interdictions d’utiliser de l’eau certains jours !
En tous les cas, les restrictions doivent être adaptées en fonction des acteurs, des usages de l’eau et des activités[2].
Les usages récréatifs, ou non-essentiels de l’eau sont les premiers à être touchés par des restrictions ou des interdictions. Le but de ces restrictions n’est pas seulement écologique : il s’agit aussi de s’assurer que les ressources en eau nécessaires pour la salubrité et la sécurité publique sont maintenues (alimentation en eau potable, réserve pour les incendies…).
Comment savoir si ma commune est touchée par un arrêté sécheresse ?
Si vous êtes concernés par un arrêté sécheresse, il doit être affiché à votre mairie ou sur les panneaux d’informations du public[3]. En plus, il a sans doute été publié dans la presse locale quotidienne. Dans le doute vous pouvez aussi consulter le site internet du gouvernement propluvia : il y a une carte à jour de tous les arrêtés sécheresse en France.
Vous pouvez assez facilement retrouver celui qui est applicable à votre domicile et lire les restrictions qui vous sont éventuellement imposées.
Alerte, alerte renforcée, crise, qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
Chez mes parents dans le département d’Ille-et-Vilaine (35), la carte est jaune, donc ils sont en alerte sécheresse, mais là où j’habite la carte est orange (alerte renforcée) et proche de beaucoup de zones rouges (crise). Mais qu’est-ce que ça veut dire ?
On l’a vu, les restrictions que les préfets peuvent prendre pour éviter la pénurie d’eau dépendent du niveau de sécheresse. En pratique, 3 niveaux de gravité sont prévus :
- En cas d’alerte, la coexistence de tous les usages de l’eau avec le maintien des écosystèmes n’est plus assurée. En clair, les niveaux des cours d’eau baissent dramatiquement et mettent en danger la biodiversité.
- En cas d’alerte renforcée, tous les usages de l’eau ne peuvent plus être satisfaits simultanément. L’heure devient grave et il faut vraiment faire attention, des mesures de plus en plus drastiques sont mises en place pour éviter la crise.
- En cas de crise, la situation est dramatique, on fait tout pour maintenir les capacités de la ressource pour l’alimentation en eau potable des populations, pour les usages en lien avec la santé, la salubrité publique, la sécurité civile, la sécurité des installations industrielles, l’abreuvement des animaux !
Pour chaque bassin, un document (un arrêté cadre) fixe les différents seuils d’alerte (niveau d’eau, débit…) et les mesures prévues pour y répondre. Dès que les seuils sont franchis, le préfet édicte un nouvel arrêté informant tout le monde des mesures à mettre en place.
Pour fixer les seuils de déclenchement et les restrictions, les préfets doivent s’appuyer sur un document guide et le tableau des restrictions d’usage[4]. S’ils le jugent utiles, ils peuvent toujours aller plus loin que ce qui est préconisé dans ces tableaux.
Avec la canicule et la sécheresse depuis le début d’année, mieux vaut se renseigner avant de préparer l’activité bataille d’eau pour les neveux et nièces.
Pour ma part, je n’ai pas souvenir d’avoir déjà vu ou lu un arrêté sécheresses dans ma vie. Et il n’y a que trois explications possibles : soit je n’étais pas assez adulte pour m’en souvenir, soit ma commune n’a jamais été concernée par des arrêtés sécheresse, soit l’information a du mal à passer… et alors mieux vaut être volontaire pour la trouve. Sans doute à méditer avant de remplir la piscine cette année !
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[1] Code de l’environnement, art. L. 211-1.
[2] Code de l’environnement, art. R.211-66
[3]Code de l’environnement, art. R. 211-70
