À la pêche aux moules, moules, moules

Quand je rentre dans ma Bretagne natale, je me rends presque toujours à la mer. Et si les marrées sont avec moi, j’enfile mes bottes, ma marinière et mon ciré jaune (véridique) et je file à la pêche à pied. La juriste que je suis ne cesse pourtant pas de se poser des questions durant ces activités.

 

Pêche à Pied à Noirmoutier

 

D’abord, quelles sont les espèces que j’ai le droit de pêcher ?

À la plage, tout (ou presque) peut être ramassé : moules, huîtres, palourdes, coques, couteaux, coquilles Saint-Jacques mais aussi crabes, langoustines, crevettes et même homards[1]. Vu le prix au kilo de tout ce beau monde, croyez-moi, ça vaut le coup de s’y mettre.

 

Un bon pêcheur, c’est un pêcheur qui respecte certaines règles

Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de règles pour être un bon pêcheur. Ces trésors marins sont très surveillés. D’après le code de la pêche maritime, l’objectif premier de la politique des pêches maritimes est de permettre “d’exploiter durablement” la ressource halieutique[2]. Pour cela, il y a 4 grands types de règles (presque de bon sens) à respecter.

  1. D’abord, pour toutes les espèces, les pêcheurs amateurs comme professionnels ont interdiction de se saisir des spécimens trop petits. Pour la palourde européenne et les moules, c’est 4cm minimum, les coquilles Saint-Jacques 11cm, les étrilles au moins 12cm. Bref, sortez vos double-décimètres.

    Pour aider les amateurs et bien protéger les stocks de coquillages, des tables de mesures sont souvent présentes à l’entrée des plages. Certains offices du tourisme distribuent aussi des réglettes de mesures. De cette façon, on est sûr de ne pas faire d’impair. C’est un arrêté du ministre chargé de la pêche de 2012 qui fixe les tailles minimales à respecter.

  2. Ensuite, certaines espèces ne peuvent être pêchées qu’à une certaine période, afin de les protéger pendant la période de reproduction. C’est par exemple le cas des oursins en Méditerranée ou des coquilles Saint-Jacques. Les oursins peuvent être pêchés du 1er novembre au 15 avril. Pour les coquilles Saint-Jacques, la saison de pêche est ouverte du 1er octobre au 14 mai.
  3. Autre type de règle : les outils autorisés. Vos mains et vos râteaux seront la plupart du temps vos seules armes ! Les engins mécaniques et les pelles sont en général interdits[3]. En Bretagne, la pêche au casier (pour les crabes et les homards) est aussi à oublier pour la pêche loisir. Il n’y a plus qu’à crapahuter dans les rochers !
  4. Enfin, certaines zones de pêche peuvent être interdites. Cela peut être le cas dans certaines zones protégées comme les réserves naturelles par exemple. Logique, comme on cherche à y (re)créer des conditions favorables à la biodiversité, on évite de la déranger. De même, il est toujours interdit de pêcher dans les ports et à proximité des sites de conchyliculture[4].

 

Coquillages et crustacés, sur la plage, abandonnés.

Mais au fait, à qui appartiennent les coquillages qu’on trouve sur la plage ? Est-ce que l’on peut commettre un vol en les ramassant ?

Et non, ils appartiennent un peu à tout le monde (pas comme les champignons) ! En France, les côtes et plages appartiennent à l’Etat. Les ressources halieutiques qui s’y trouvent constituent d’ailleurs un patrimoine commun[5]. On doit en prendre soin, mais tout le monde peut en jouir ! Chacun peut donc tenter sa chance et rapporter chez lui les crabes des rochers.

Et pour la quantité, c’est homard à volonté ?

Pas vraiment ! Désolée les gourmands.

Comme avec les champignons, les règles sont certes faites pour protéger les stocks, mais aussi pour s’assurer que tout le monde puisse profiter du “patrimoine halieutique de la nation”.

Il y a donc des limites à nos frénésies de marin pêcheur. Les quantités maximales autorisées pour os sorties pêche à pied sont fixées par les préfets maritimes par jour et par personne. Elles varient donc d’une région à l’autre. Mais là encore, il s’agit surtout de bon sens. Pour les moules, et la plupart des coquillages, les quantités sont de l’ordre de 3kg par jour et par personne. Ça fait une bonne centaine de coques tout ça, avec un peu de beurre, de l’ail et du persil, qui a besoin de plus ? Il y a largement de quoi se régaler.

 

***

[1] Il existe toutefois des exceptions. Le droit européen protège une espèce de crustacée, mais elle n’est pas vraiment comestible : les isopodes. Annexe IV de la directive 92/43/CEE.

[2] Code rural et de la pêche maritime, art. L. 911-2.

[3] Cela peut donner lieu à des règles un peu originales. Par exemple, en Bretagne il est légal de pêcher avec une cuillère à soupe ou un cintre ! https://www.dirm.nord-atlantique-manche-ouest.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/arrete_prefectoral_2013_7456_peche_de_loisir_a_pied_en_bretagne_cle022b24.pdf

[4] La conchyliculture, mot compte double, désigne l’élevage de coquillages. Les sites conchylicoles sont donc les parcs à huîtres ou à moules.

[5] Code rural et de la pêche maritime, art. L. 911-2.

 

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