Promenons-nous dans les bois

C’est l’automne, les feuilles des arbres se parent de couleurs or et orangées, les journées raccourcissent et c’est le temps parfait pour une balade en forêt.

Promeneurs du dimanche en famille, ramasseurs de châtaignes à faire griller au coin du feu  et « chasseurs » de champignons plus ou moins chanceux se croisent sur les sentiers forestiers.

 

Peut-être fais-tu partie des amateurs de girolles, trompettes, morilles, bolets ou cèpes. Au-delà des précautions à prendre pour ne pas s’intoxiquer, t’es-tu déjà demandé si tu avais le droit de cueillir ces trésors pour les papilles ?

 

Tout dépend d’où tu te promènes.

En France, il existe des forêts privées et des forêts publiques qu’on appelle en général forêts domaniales.

Certains propriétaires de forêts privées ouvrent leur bois au public pour la balade ou la chasse. Mais peut-on cueillir des champignons chez autrui ?

 

Les champignons, contrairement au gibier, appartiennent au propriétaire des lieux.  Comme ils poussent sur le sol, ils sont rattachés à la propriété foncière : le propriétaire est le seul à pouvoir en jouir[1]. On dit que le droit de propriété est privatif puisqu’en l’exerçant, le propriétaire empêche autrui de l’exercer également.

 

Cueillir des champignons sur une propriété privée, c’est donc du vol ! Et ce, même si le propriétaire n’a pas mis de panneau d’interdiction ou n’a pas délimité sa parelle de bois. C’est logique, on applique finalement la même règle pour les champignons des bois que dans les jardins potagers : autant qu’il est interdit de se servir des courgettes dans le potager du voisin, il est interdit de ramasser des champignons dans une forêt privée.

 

Toutefois, les propriétaires peuvent décider d’autoriser (parfois avec des permis de cueillettes dans certains départements) le ramassage de champignons sur leurs domaines. Très souvent même, le ramassage familial pour une consommation personnelle est toléré. Le code forestier[2] indique que la cueillette de champignons doit alors être inférieure à deux paniers[3] pour entrer dans ces critères (Et oui, il existe un code pour tout !).

 

Très souvent, vous vous baladez dans les forêts domaniales. Dans les forêts publiques, la règle est conçue pour que tout le monde profite de la forêt. Chacun peut cueillir les champignons pour sa consommation personnelle. On doit cependant respecter la limite de 5 à 10 litres de champignons maximum pour que cette pratique reste accessible à tous et récréative. D’après l’OFB (Office Français pour la Biodiversité), 5 litres de champignons = un panier plein[4].

 

Pour le gibier c’est un peu différent, car lui se déplace de parcelle en parcelle sans tenir compte des limites de propriétés humaines : il n’est donc pas rattaché à un fond (une propriété) en particulier. On dit que le gibier est un res nullius : un bien qui n’appartient à personne.

 

 

Et dans les zones protégées pour l’environnement ?

Dans les zones naturelles protégées comme par exemple les parcs régionaux ou nationaux, et les zones Natura 2000, la cueillette de champignons peut être interdite. C’est normal : ce sont des zones où l’on essaye de préserver au maximum la biodiversité et les écosystèmes[5]. Il faut alors consulter directement les chartes de fonctionnement de ces lieux pour savoir si la cueillette est autorisée.

 

Existe-t-il des champignons dont la cueillette est interdite ?

Toutes les espèces de champignons sauvages peuvent faire l’objet d’une protection spécifique dans les départements où ils sont menacés ou sensibles[6]. Un bon cueilleur vérifiera avant de partir en forêt que les cèpes appétissants qu’il convoite peuvent être ramassés.

 

Également, certaines règles de cueillettes peuvent être imposées. Par exemple, le préfet de département peut prévoir qu’il faille couper le pied du champignon et non pas l’arracher, ou encore fixer des limites de taille de champignons en dessous desquelles ils ne peuvent pas être prélevés[7]. Ces restrictions peuvent être temporaires ou permanentes[8].

Sources :

[1] Article 547 du code civil

[2] Art. L.163-11 du code forestier

[3] Le texte prévoit 10 litres de champignons soit environ deux paniers.

[4] Sur le site de l’OFB, vous pouvez aussi retrouver de nombreux conseils pratiques.

[5] Article L.411-1, code de l’environnement.

[6] L’arrêté du 13 octobre 1986 à la liste des espèces végétales sauvages pouvant faire l’objet d’une réglementation préfectorale permanente ou temporaire, toujours en vigueur, prévoit que la cueillette de champignons sauvages ou non cultivés peut faire l’objet de restriction départementale.

[7] Idem, article 1 de l’arrêté du 13 octobre 1986 précité.

[8] Pour un exemple : Arrêté n°250 du 5 juillet 2021 portant réglementation permanente du prélèvement, du ramassage, de la cueillette et de la cession à titre gratuit ou onéreux d’espèces de champignons et de myrtilles sauvages ou non cultivés dans le département des Vosges.

 

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